Dans le vaste écosystème de la gestion d'actifs, de multiples acteurs ont émergé pour démocratiser l'accès aux marchés financiers. L'épidémie de COVID-19, tout en provoquant une chute significative des marchés, a également favorisé une vague sans précédent d'investissements individuels. Confinés, avec du temps libre et parfois munis de fonds supplémentaires issus de programmes d’aide gouvernementaux, de nombreux particuliers se sont tournés vers l'investissement. Autrefois perçue comme une activité réservée à une élite, cette période a vu une augmentation remarquable du nombre de personnes ouvrant leur premier compte chez des courtiers en ligne, souvent appelés brokers.

La suppression ou la réduction des commissions sur les produits financiers a joué un rôle crucial dans cette transformation, rendant l'investissement plus accessible à tous. Bien que ce mouvement ait été plus lent à prendre forme en France, aux États-Unis, il a rapidement pris de l'ampleur dès les années 90 avec la numérisation du système financier mondial. Le secteur connaît actuellement une seconde révolution initiée par les courtiers en ligne qui, grâce à leurs frais réduits voire inexistants, arrivent à toucher un large public. 

Ces plateformes en ligne offrent une plus grande souplesse pour l’investisseur et sont souvent très simples à utiliser, leur permettant de gérer leurs portefeuilles de n'importe où, et même bientôt n’importe quand. En outre, l'adoption de technologies de pointe et de l’IA pour élargir la base de clientèle et améliorer la qualité du service renforce le mouvement. Robinhood, une application populaire de courtage sans commission, a enregistré une croissance explosive de son nombre d'utilisateurs, passant de 10 millions en 2019 à plus de 24 millions en 2024.

Les courtiers en ligne ne sont pas les seuls acteurs ayant le vent en poupe sur le marché. D’abord, les acteurs classiques de l’investissement que sont les AWM ("Asset and Wealth Manager" ou Gestionnaires d'actifs et de fortune)voient leurs encours sous gestion exploser, surtout avec la démocratisation des ETF dont les particuliers sont très friands. Actuellement, le total des actifs sous gestions s’élèvent à 128,9 trillions (mille milliards) selon les chiffres avancés par Pwc.

Bien qu’ils soient sous pression à cause de la baisse des frais généralisée ce qui pousse le secteur à se consolider (surtout en Europe où ont actuellement lieu de grosses fusions), la demande reste toujours bien présente. La hausse des taxes et impôts poussent également les individus à diversifier leurs épargne en quête de rendements. Les produits financiers deviennent donc de plus en plus attractifs (vous ne direz pas le contraire si vous êtes tombé sur cette analyse).

Enfin, les investisseurs oublient trop souvent que les places boursières - ici les plateformes centralisées qui facilitent la liquidité du marché, assurent la transparence des prix et maintiennent les règles de marché - sont souvent cotées en bourse. Ces dernières voient leurs résultats croître avec la hausse des volumes échangés. Selon la London Stock Exchange Group, en 2023, les marchés mondiaux ont dépassé le seuil de 1 quadrillion de dollars sur les marchés financiers, avec une croissance annuelle de 10% en fin d'année, stimulée par une augmentation du nominal en cours dans les dérivés de taux d'intérêt et une appréciation des actions en espèces. Les perspectives de croissance sont florissantes pour les plateformes qui génèrent des revenus à travers les frais de transaction sur chaque opération ainsi que des frais d'inscription pour les entreprises désirant être cotées. D’autant que des projets de marchés ouverts en continu émergent. 

Avant notre petite sélection de valeurs du moment, je vous renvoie vers la liste thématique sur les données financières qui reprend tout un écosystème autour de la data, réunissant les acteurs qui acquièrent, traitent, centralisent et diffusent les informations destinées aux investisseurs institutionnels, analystes et gérants.

Online Brokerage

Les courtiers en ligne (online brokers) agissent comme intermédiaires entre les acheteurs et les vendeurs sur les marchés financiers. Ils exécutent des ordres d'achat ou de vente pour le compte de leurs clients, qui peuvent être des particuliers ou des institutions. Ils tirent leurs revenus principalement des commissions sur les transactions, des frais de service, et parfois des spreads (la différence entre les prix d'achat et de vente). Plus il y a d’utilisateurs, plus les gains sont importants. 

  • Interactive Brokers : partenaire de Zonebourse, IBKR réalise cette année des performances dépassant les attentes. Le cours de son action s’apprécie de 130 % depuis janvier. Avec un chiffre d'affaires estimé de 5,1 milliards de dollars en 2024, son résultat net devrait se situer autour de 738 millions de dollars. Le nombre de comptes clients a connu une hausse impressionnante de 28 % au troisième trimestre, atteignant un total de 3,12 millions. Parallèlement, la valeur nette des clients a bondi de 46 % pour s'établir à 541,5 milliards de dollars. 
  • Robinhood : autre broker en ligne sur le marché américain, Robinhood connaît également une croissance fulgurante cette année, enregistrant une hausse de son cours de 194 %. Avec un chiffre d’affaires estimé de 2,61 milliards de dollars, pour un résultat net autour des 658 millions. La société devrait connaître sa première année de rentabilité. 
  • flatexDEGIRO : plus connu sous le nom de Degiro, ce courtier en ligne européen connaît une expansion grandissante sur le continent. Ses bonnes performances sont couronnées par une hausse du prix de son action de 35% depuis le premier janvier. 
  • Futu Holdings : la société de courtage en ligne cotée aux Etats-Unis fournit en réalité des clients en Chine et à Hong Kong. Tout comme China Galaxy Securities Co ou CSC Financials, ces entreprises s’attaquent au large marché chinois, et par extension asiatique. Elles ont connu un pic en bourse en octobre dernier après l’annonce des mesures de relance économique en Chine. Cependant, aussi grand que le marché soit-il, il ne faut pas oublier les risques politiques très importants, notamment en Chine continentale, pays dirigé par un parti communiste pouvant voir d’un mauvais œil le fait que sa population investisse en bourse… 

D’autres courtiers en ligne : Charles Schwab, Plus500, Swissquote Group 

Gestionnaires d'actifs traditionnels

Les gestionnaires d'actifs gèrent les investissements de leurs clients en échange de frais de gestion basés sur un pourcentage de l'actif sous gestion (AUM). Ces frais peuvent varier selon le type de service fourni, allant des fonds communs de placement aux fonds de pension, en passant par des mandats de gestion privée et des fonds spéculatifs (hedge funds). L'industrie de la gestion d'actifs est en constante évolution, avec une tendance croissante vers les produits à faible coût comme les fonds indiciels et les ETFs (Exchange-Traded Funds). Aujourd'hui, la baisse des frais pousse le secteur à se consolider, seul la taille permettant une rentabilité viable.

  • Amundi : Créé en 2010 via la fusion des activités de gestion d’actifs de la Société Générale et du Crédit Agricole (toujours détenu par ce dernier à hauteur de 68,9 %),l’entreprise s’est consolidée . Après une série de consolidations et notamment le rachat de Pioneer Investments, filiale de gestion d'actifs d'Unicredit, puis en 2021 de Lyxor Asset Management, filiale de la Société générale. Amundi est aujourd’hui le plus grand gestionnaire européen, devant BNP Paribas AM, avec plus de 2 000 milliards d’AUM. Amundi connaît un essor certain en étant également le plus gros émetteur d'ETF européen.   
  • Blackrock : homologue américain d’Amundi, Blackrock est le plus grand gestionnaire du monde avec plus de 10 000 milliards d’AUM. C’est aussi le plus grand émetteur d’ETF au monde. BlackRock n'est pas un fonds de pension, à la différence de Blackstone dont elle était la filiale, ni un fonds spéculatif. Elle collecte de l’argent auprès d’investisseurs institutionnels pour l’investir sur les marchés financiers, en leur nom. La société s'appuie sur une plateforme numérique de gestion des risques baptisée Aladdin (Asset, Debt and Derivative Investment Network), un outil très sophistiqué qui permet à l’entreprise de superviser 18 000 milliards de dollars chaque jour.
  • 3i Group, Hargreaves Lansdown, St. James’s Place : pour illustrer le côté assez cyclique des sociétés de gestion, l'exemple britannique est assez parlant. Les gestionnaires ont connu un engouement cette année, motivé par les craintes des investisseurs vis-à-vis du futur budget du gouvernement britannique stimulant la demande pour les conseillers clientèle dans le pays. Les gestionnaires d’actifs ont le vent en poupe en période de croissance, tandis qu’en période de stress boursier, la tendance peut s’inverser.

D’autres grands gérants de fonds importants parmi lesquels figurent souvent des banques ou des compagnies d’assurances :

Gestionnaires d’actifs alternatifs

Les gestionnaires d'actifs alternatifs se spécialisent dans la gestion de placements qui sortent du cadre des investissements traditionnels comme les actions, les obligations et les fonds communs de placement. Ces gestions alternatives incluent une large gamme de produits d'investissement et de stratégies, y compris, les hedge funds, le private equity, les venture capital, l'immobilier, les matières premières, les infrastructures, la dette privée ou les métaux précieux.

Les Holding : 

  • Berkshire Hathaway : la holding de Warren Buffet s'assoit sur une montagne de cash. Les investisseurs attendent son prochain coups. Le cours de l’action croît de 29% cette année.
  • Pershing Square : la holding du magnat de la finance Bill Ackman performe bien cette année. Adepte des gros paris, sa holding cotée à Amsterdam subit la décote des holdings.

Les gestionnaires diversifiés : 

  • Ares Management Corporation : Ares propose à ses clients des solutions d'investissements primaires et secondaires complémentaires dans différentes catégories d'actifs (crédit, private equity, immobilier…). L’action grimpe de 48%.
  • Apollo Global Management : le gestionnaire opère dans trois secteurs : gestion d'actifs et services de retraite. L’action a quasiment doublé depuis le début de l’année avec une performance de +85%.

D’autres gestionnaires diversifiés : Brookfield Asset Management, Bridgepoint, Ashmore group, Eurazeo

Les firmes de trading : 

  • State Street Corporation : Jane Street est une firme de trading particulièrement connue pour sa culture d'entreprise collaborative et pour sa généreuse rémunération. Bien que discrète, Jane Street pèse sur les marchés avec une part de 10,4 % dans le trading d'actions nord-américaines en 2023, selon les chiffres rapportés par le Financial Times. Le Hedge Fund a affiché des revenus nets de trading de 6,1 milliards de dollars au premier semestre 2024, après un total de 10,5 milliards de dollars en 2023 et une marge bénéficiaire supérieure à 70 %.
  • Glencore : bien que producteur à l’origine, Glencore est aujourd'hui l'une des plus grandes entreprises de commodity trading au monde. Elle traite entre autres dans le négoce de métaux, de minéraux, de produits énergétiques et agricoles.

Bourses et opérateurs de marché 

Ces sociétés gèrent des plateformes où s'effectuent l'achat et la vente de titres financiers, y compris des actions, des obligations et d'autres instruments financiers. En tant qu'entités cotées, elles offrent aux investisseurs la possibilité de participer directement à leur succès financier. Ces opérateurs ne se contentent pas de fournir des infrastructures de trading ; elles offrent également une gamme de services, tels que la gestion des données de marché, les services de compensation et de règlement, ainsi que des solutions technologiques pour les participants au marché. En outre, ils jouent un rôle clé dans la régulation et la transparence des marchés, contribuant à la stabilité et à la confiance des investisseurs.

Europe :

  • Euronext et London Stock Exchange Group : les deux groupes boursiers européen et britannique réalisent d’excellentes performances cette année avec une appréciation de leurs cours de bourse de respectivement  36% et 23%. Ces deux entreprises font partie de notre Portefeuille Europe.  
  • Deutsche Börse : la bourse allemand réalise également de belles performances cette année, surfant sur cette hausse des volumes en bourse. L’action croît de 20% depuis janvier.

Asie :

  • Singapore Exchange Limited : position de notre Portefeuille Asie, l’infrastructure du marché singapourienne nous offre des performances notables faisant grimper l’action de 30% cette année.  
  • BSE Limited :  anciennement Bombay Stock Exchange, la principale plateforme de négociation indienne surfe sur l’engouement des marchés indiens depuis 2023. L’entreprise affiche une hausse de son cours de 133 % cette année. La Multi Commodity Exchange of India qui traite les produits dérivés sur les matières premières en Inde double également cette année (+102%).
  • Japan Exchange Group (+26%), Australian Stock Exchange (+8%), Hong Kong Exchanges and Clearing Limited (+8%) sont les autres principales places boursières asiatiques affichent des performances positives cette année. 

D’autres places de marchés des pays émergents : Johannesburg Stock Exchange, B3 SA Brasil Bolsa Balcao, Tel Aviv Stock Exchange, Bursa Malaysia, Philippine Stock Exchange, Dubai Financial Market

Amérique du Nord :

  • CME Group : grâce à sa diversification dans les produits dérivés et les matières premières, la position de notre Portefeuille USA bénéficie d'un avantage concurrentiel et d'un pouvoir de fixation des prix supérieur, ce qui lui permet d'offrir une grande diversité et complémentarité dans son portefeuille de produits.
  • Nasdaq, Inc. : la célèbre place boursière mondiale est en réalité présente à travers le monde entier. Elle s'établit comme un véritable leader et met en avant sa croissance à l’étranger. Le cours de son action est en hausse de 39% depuis le début de l’année.
  • Intercontinental Exchange : Intercontinental Exchange, Inc. exploite des marchés réglementés à terme (futures) et des marchés de gré à gré (over-the-counter) de matières premières et de produits financiers (produits agricoles, produits énergétiques, actions, devises et dérivés de crédit) et profite de la hausse des volumes sur les produits dérivés. Valorisée à 89 milliards USD, son cours a augmenté de 21% en 2024.
  • Tradeweb Markets : c’est un opérateur mondial de marchés électroniques pour les taux, le crédit, les actions et les marchés monétaires. Le prix de son action s’est envolé de plus de 53% cette année.

D’autres opérateurs à fort potentiel et à la capitalisation comprise entre 2 et 13 milliards de dollars : Cboe Global Markets, Virtu Financial, MarketAxess Holdings, StoneX, Marex Group, TMX Group

Enfin, voici quelques ETF suivant les entreprises des secteurs abordés dans cette analyse : 

  • iShares U.S. Broker-Dealers & Securities Exchanges ETF (IAI) : cet ETF vise à suivre la performance d'un indice composé d'actions de sociétés américaines impliquées dans des entreprises de bourses financières et de données (51%), et dans des sociétés de banque d'investissement et de courtage (48,51%). Avec un encours sous gestion de 1,3 milliard de dollars et des frais de 0,4 %, la performance 2024 affiche une hausse de 38%.
  • SPDR S&P Capital Markets ETF : ce fonds indiciel reproduit le S&P Capital Markets Select Industry Index, qui lui-même cherche à fournir une exposition au segment des marchés des capitaux qui comprend les sous-industries suivantes : Gestion d'actifs et banques dépositaires, Marchés de capitaux diversifiés, Bourses et données financières, et Banque d'investissement et courtage. Avec 534 millions de dollars d’encours et des frais de 0,35%, la performance annualisée s’élève à 41%.
  • FlexShares Listed Private Equity UCITS ETF : ce tracker cherche à reproduire l'indice Foxberry Listed Private Equity SDG Screened. L'indice Foxberry Listed Private Equity SDG Screened suit les sociétés qui investissent de la Private Equity. Avec 262 millions d’euros d’encours sous gestion et des frais de 0,4%, l’indice affiche une très belle performance cette année en s'appréciant de 40%.