Paris (awp/afp) - Le groupe pharmaceutique Servier a annoncé jeudi une modeste hausse de 0,6% de ses ventes mondiales sur son exercice décalé 2017/2018, en raison d'effets de change négatifs, de la pression sur les prix des médicaments et de pertes de brevets.

Sa croissance a ainsi été plus dynamique à taux de change constants (+4,5%), pour un chiffre d'affaires total de 4,2 milliards d'euros sur l'exercice écoulé, selon un communiqué.

Cependant son bénéfice opérationnel a fondu de 42% sur la période, à 307 millions d'euros.

Cette baisse drastique résulte à la fois de la "volonté du groupe d'investir pour son développement à l'international" et de la perte de brevets, notamment au Canada pour son traitement contre l'hypertension artérielle Coversyl, et dans le monde entier pour son médicament contre l'angine de poitrine Procoralan, a expliqué Servier.

Son bénéfice net a presque été divisé par trois, à 110 millions d'euros, en raison notamment de charges d'amortissement liées à son acquisition l'an dernier des activités en oncologie du laboratoire irlandais Shire, a précisé son directeur financier Dominique Brissy lors d'un point presse à Paris.

Cette opération de 2,4 milliards de dollars (environ 2 milliards d'euros), la plus grande acquisition de l'histoire de Servier, lui a permis d'établir une présence commerciale directe aux Etats-Unis, un énorme marché pharmaceutique qu'il avait pourtant négligé jusqu'à présent, ayant davantage misé sur l'Union européenne, la Chine, la Russie ou encore le Brésil.

Le groupe français, non coté en Bourse et contrôlé par une fondation, s'est aussi doté l'an dernier d'une antenne à Boston (nord-est des Etats-Unis), carrefour mondial des biotechnologies, dans le but d'intensifier sa stratégie de partenariats de recherche-développement dans les médicaments biologiques.

Servier prévoit par ailleurs de démarrer "courant 2019" sa première unité de bioproduction, construite sur son usine historique de Gidy, dans le Loiret, un investissement de 50 millions d'euros.

Le lancement du chantier de son futur centre regroupant sa recherche sur le campus Paris-Saclay, un investissement de 290 millions d'euros, est également prévu pour cette année.

Afin d'atteindre son objectif de 5 milliards d'euros de ventes à l'horizon 2021, le groupe compte poursuivre son développement prioritaire en oncologie, tout en maintenant ses positions en cardiologie et dans le diabète et intensifier son déploiement dans la santé numérique (e-santé).

L'impact du Brexit pour le groupe devrait être marginal, Servier ne réalisant qu'une dizaine de millions d'euros de ventes par an au Royaume-Uni, selon M. Brissy. Comme d'autres laboratoires pharmaceutiques, le groupe a préparé des stocks de ses médicaments dans le pays afin de pouvoir continuer de traiter ses patients britanniques.

Servier est par ailleurs toujours en attente d'une date de son procès dans l'affaire Mediator, a rappelé jeudi son président Olivier Laureau sans s'attarder davantage sur le sujet.

Le vaste scandale sanitaire autour de ce médicament antidiabétique aux graves effets secondaires, dont l'utilisation avait été largement détourné en coupe-faim, a considérablement terni l'image du groupe en France ces dernières années.

Servier devra répondre de "tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires et trafic d'influence", tandis que l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) est poursuivie pour "blessures et homicides involontaires" dans ce dossier incluant plus de 4.000 parties civiles.

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