Anastasiades doit avoir des entretiens avec les représentants de la "troïka" (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Union européenne) avant que ne débute, à 18h00, un nouveau round de négociations avec les ministres de la zone euro.

Les discussions se sont poursuivies tard dans la nuit de samedi à dimanche à Nicosie pour tenter de trouver une solution avant qu'entre en vigueur l'ultimatum de la BCE, qui menace de ne plus assurer les liquidités des banques chypriotes à partir de lundi matin.

Dans un communiqué, le gouvernement chypriote a reconnu, à l'approche de l'échéance, que les négociations se trouvaient dans "une phase très délicate".

Le président et son équipe ont "une tâche très difficile à accomplir pour sauver l'économie chypriote et éviter un défaut de paiement s'il n'y a pas d'accord définitif sur un prêt", a déclaré un porte-parole du gouvernement.

Avant même de s'envoler pour Bruxelles, Anastasiades, au pouvoir depuis à peine un mois, savait à quoi s'attendre lors de ce nouveau tour de table.

Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a en effet prévenu qu'il n'y avait plus désormais pour Chypre de solution idéale et qu'il "ne restait que des choix difficiles" à accomplir.

Le ministre français des Finances, Pierre Moscovici, a repris la même idée en des termes plus directs. "Pour ceux qui disent qu'on est en train d'étrangler un peuple, que c'est immoral, il faut quand même regarder qu'il s'agit d'un économie-casino qui était au bord de la faillite et il fallait, et il faut, faire quelque chose", a-t-il déclaré sur Canal+. "C'est quand même une économie totalement aberrante."

MENACE DE LA BCE

Le plan de sauvetage mis au point par les créanciers internationaux prévoit le déblocage d'une aide de 10 milliards d'euros en échange d'une levée de fonds de 5,8 milliards pris sur les dépôts bancaires gérés par Chypre.

Un haut responsable chypriote a indiqué samedi soir que Nicosie et ses créanciers s'étaient mis d'accord sur une taxe exceptionnelle visant les comptes dont le solde dépasse 100.000 euros.

Une taxe de 20% serait ponctionnée sur les comptes gérés par la Bank of Cyprus, principale institution financière du pays, et une taxe de 4% sur les comptes détenus par les autres instituts de crédit.

Sans un accord dimanche soir, la BCE menace de suspendre son programme de soutien exceptionnel qui maintient à flot les banques chypriotes en leur assurant des liquidités.

Cette mesure conduirait presque à coup sûr à un effondrement du système bancaire local et pousserait Nicosie vers la sortie de la zone euro.

Tentant de trouver une solution après une semaine marquée par plusieurs rebondissements, les parlementaires chypriotes ont voté vendredi soir une nationalisation des fonds de pension et adopté une loi autorisant la séparation des activités bancaires saines et des activités "toxiques".

Ce plan a été mis à l'écart sous la pression de la l'Allemagne qui estime qu'il serait encore plus douloureux pour les petits épargnants.

La presse chypriote rapporte que les discussions achoppent sur la demande du FMI que la Bank of Cyprus récupère les bons actifs de la Popular Bank et assume une dette de neuf milliards d'euros dus à la banque centrale.

Le gouvernement chypriote se montrerait réticent à cette exigence.

Avec Jan Strupczewski et Luke Baker à Bruxelles; Pierre Sérisier pour le service français

par Michele Kambas et Karolina Tagaris