Selon la BCE, "le taux de croissance annuel de l'agrégat monétaire large M3 est tombé à -0,4 % en juillet 2023, contre 0,6 % en juin, s'établissant en moyenne à 0,4 % au cours des trois mois précédant juillet". En outre, "le taux de croissance annuel de l'agrégat plus étroit M1, qui comprend la monnaie en circulation et les dépôts à vue, s'est établi à -9,2 % en juillet, contre -8,0 % en juin". Si l'on tient compte de l'inflation, M1 réel - qui est généralement un indicateur avancé du PIB - a diminué de 14,5 % en juillet, ce qui laisse présager de sombres perspectives pour les mois à venir.
 
Dans le même temps, les données ont également révélé que le taux de croissance annuel des prêts ajustés au secteur privé (c'est-à-dire ajusté pour les ventes de prêts, la titrisation et la mise en commun des liquidités théoriques) a diminué à 1,6 % en juillet, contre 2,0 % en juin. Parmi les secteurs emprunteurs, le taux de croissance annuel des prêts ajustés aux ménages est revenu à 1,3 % en juillet, contre 1,7 % en juin, tandis que le taux de croissance annuel des prêts ajustés aux sociétés non financières a reculé à 2,2 % en juillet, contre 3,0 % en juin.
 
Si l'on considère les chiffres les plus récents (annualisés sur 6 mois), la tendance est encore pire, le crédit au secteur privé flirtant avec les 0 %. Sans surprise, les prêts immobiliers (ménages) ont chuté plus rapidement, ce qui explique en partie la baisse des prix de l'immobilier dans plusieurs pays, dont l'Allemagne.

 
Le principal problème est que les développements monétaires dans la zone euro ne devraient pas s'améliorer à court terme, la BCE étant sur le point de resserrer son bilan et de relever ses taux une nouvelle fois avant la fin de l'année. Cette annonce a été faite alors que la demande de prêts des entreprises de la zone euro a chuté à un niveau sans précédent. Selon une enquête de la Banque centrale européenne (BCE), les grandes banques ont signalé une baisse substantielle de la demande nette de prêts au cours du deuxième trimestre 2023, marquant le niveau le plus bas depuis le début de l'enquête en 2003. En outre, plusieurs indicateurs suggèrent que l'activité économique est déjà sous pression : l'indice PMI composite de la zone euro s'est contracté pour le troisième mois consécutif en août et a atteint son niveau le plus bas en 33 mois.
 
Conclusion : Les derniers développements monétaires dans la zone euro laissent déjà entrevoir de sombres perspectives pour les mois à venir, en particulier pour le secteur du logement. Il est peu probable que les conditions s'améliorent rapidement dans un contexte où la BCE est susceptible de resserrer encore sa politique monétaire et où les effets des mesures précédentes ne se sont pas encore pleinement concrétisés dans l'ensemble de l'économie. Par conséquent, l'activité économique est susceptible de se détériorer davantage, augmentant les risques de récession.