Samedi, le 50e anniversaire de l'invasion turque déclenchée par un bref coup d'État d'inspiration grecque fera l'objet de célébrations dans le nord et d'un deuil dans le sud de l'île de Chypre.

Voici quelques questions clés relatives au conflit :

QU'EST-CE QUI A DÉCLENCHÉ LE CONFLIT ?

- Colonie britannique jusqu'en 1960, les Chypriotes grecs et turcs de Chypre ont participé au partage du pouvoir jusqu'en 1963, date à laquelle un désaccord fiscal a dégénéré en un véritable conflit sur le fonctionnement du gouvernement. Ce conflit a laissé les Chypriotes grecs à la tête de la République de Chypre, reconnue internationalement.

- Des violences ont éclaté en décembre 1963, provoquant l'envoi d'une force de maintien de la paix des Nations unies sur l'île six mois plus tard. Les Chypriotes turcs se sont retirés dans des enclaves, divisant de fait la capitale Nicosie.

- La Turquie, la Grande-Bretagne et la Grèce ont été nommées garants de la souveraineté de Chypre en 1960, avec le droit d'intervenir en cas de rupture de l'ordre constitutionnel.

Invoquant ces droits, Ankara a envahi Chypre en juillet 1974, après que la junte alors au pouvoir en Grèce eut organisé un bref coup d'État cinq jours plus tôt, qui a renversé le gouvernement légitime de Chypre. La crise chypriote a provoqué l'effondrement de la dictature militaire grecque qui durait depuis sept ans. L'ordre constitutionnel a été rapidement rétabli à Chypre, mais la Turquie ne s'est jamais retirée. La Grande-Bretagne conserve 3 % du territoire chypriote, connus sous le nom de "zones de base souveraines", en partie à des fins militaires.

QUELLES SONT LES FORCES QUI POUSSENT À LA RÉSOLUTION ?

- Chypre est membre de l'Union européenne depuis 2004, mais elle est représentée par les Chypriotes grecs, qui disposent d'un droit de veto sur l'adhésion de la Turquie à l'Union.

- Avec Chypre dans l'UE et la Turquie dans l'OTAN, les relations de défense entre les deux organisations peuvent être problématiques, et c'est aussi une source de tension entre la Turquie et la Grèce.

- Bien qu'il n'y ait plus eu de violence entre les deux parties depuis des années, 30 000 soldats turcs sont toujours présents dans le nord et les deux parties ont des préoccupations en matière de sécurité.

QUELLES SONT LES PRINCIPALES PIERRES D'ACHOPPEMENT ?

- Souveraineté : les différends portent sur la question de savoir si un accord de paix devrait être une évolution de l'actuelle République de Chypre, comme le préconisent les Chypriotes grecs, ou une fusion de deux États égaux, comme le préconisent les Chypriotes turcs qui cherchent à obtenir la reconnaissance de leur État sécessionniste.

- Le système des garants : un déclencheur émotionnel pour les deux parties. Les Chypriotes grecs souhaitent la suppression de ce système. Les Chypriotes turcs disent qu'ils ont besoin des garanties turques en raison de leur expérience passée avec les Chypriotes grecs.

- Gouvernance : quelle sera la part de chaque communauté dans le contexte d'un système fédéral, et quels mécanismes d'apaisement peuvent être adoptés pour assurer le bon fonctionnement de l'État.

- Règlement des différends et litiges de propriété : un bourbier juridique où des milliers de personnes revendiquent des propriétés saisies il y a plusieurs dizaines d'années.