Le match des ETF
Le bitcoin explose de nouveaux records depuis que Donald Trump, qui s'est montré pro-crypto durant sa campagne, a pris les rênes de la présidence en tant que 47e président des États-Unis. Sur ce début de semaine, le BTC se négocie à un nouveau seuil historique en flirtant avec les 90 000 dollars, tandis que l'ETF Bitcoin Spot de BlackRock a également pulvérisé les records de volume d'échanges quotidiens. Le bitcoin est en hausse de plus de 8 % depuis ce lundi.
Zonebourse
BlackRock, avec son ETF IBIT, a enregistré un volume de transactions de 4,5 milliards de dollars sur la seule journée de lundi, propulsant le marché des ETF Bitcoin Spot à de nouveaux sommets. Les ETF Spot américains ont d’ailleurs enregistré un afflux massif de capitaux, avec des entrées nettes de 1,12 milliard de dollars le 11 novembre, après avoir déjà enregistré 1,38 milliard de dollars le 8 novembre.
L'IBIT de BlackRock s'est taillé la part du lion avec 763,6 millions de dollars d'entrées, suivi de près par le FBTC de Fidelity qui a engrangé 135,1 millions de dollars. Ark Invest, via son ARKB, a attiré 108,6 millions de dollars, tandis que les fonds de Bitwise (42,7 millions), Invesco (8,7 millions), Franklin (10,1 millions) et Grayscale avec son BTC Mini Trust (28,2 millions) et GBTC (24,2 millions) ont également bénéficié d’entrées mais dans une moindre mesure. Désormais, l'encours total dépasse les 90 milliards de dollars en BTC, ce qui correspond à 5,25% de l'ensemble des bitcoins en circulation.
Le succès n’a pas été limité au bitcoin : les ETF Ethereum spot américains ont aussi enregistré une journée record avec des entrées nettes de 294,9 millions de dollars le 11 novembre. Fidelity a vu son FETH recueillir 115,5 millions de dollars, tandis que l’ETHA de BlackRock a attiré 100,5 millions de dollars. Grayscale et Bitwise ont suivi avec leurs mini fonds ETH, affichant respectivement 63,3 millions et 15,6 millions de dollars d'entrées nettes. L'encours total sur les ETF Ethereum Spot dépasse les 9,72 milliards de dollars, ce qui correspond à environ 2,4% de l'ensemble des ETH en circulation.
Bitcoin domine Ethereum
Sur un an, le bitcoin domine largement son concurrent direct en termes de capitalisation. Entre le 11 novembre 2023, et le 11 novembre 2024, le bitcoin affiche une performance de 139 % contre 64 % pour l’ether.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène :
Adoption institutionnelle
L'approbation de fonds négociés en bourse (ETF) basés sur le bitcoin le 11 janvier dernier a facilité l'accès des investisseurs traditionnels à cet actif, augmentant ainsi naturellement la demande et le cours du BTC. Plus globalement, le bitcoin est vu par un bon nombre d’investisseurs comme une version numérique de l’or. En raison de son offre limitée (21 millions de BTC) et de son historique de sécurité, il est perçu comme un actif de “réserve de valeur” relativement fiable pour un bon nombre de crypto-investisseurs. Le BTC est aussi perçu comme plus simple à comprendre. Beaucoup d’investisseurs se sentent plus à l'aise avec le concept de BTC, un actif “passif” à accumuler, en comparaison avec l'ether et ses fonctionnalités techniques plus complexes.
L’ether, dont les ETF Spot ont été lancés le 23 juillet, est en fait plus orienté vers une utilisation fonctionnelle (smart contracts, applications décentralisées) que comme réserve de valeur, ce qui le rend moins attractif dans ce rôle pour les institutions. L’ether est aussi vu comme une cryptomonnaie plus “active” que bitcoin, utilisée dans des transactions et des applications de finance décentralisée (DeFi), plutôt qu’un actif purement "passif" de réserve. Ce positionnement rend l’ether plus sujet à la volatilité, surtout avec le développement de projets qui s'appuient dessus, ce qui peut décourager une adoption plus large pour les réserves institutionnelles.
Réglementation plus claire pour le bitcoin
Ces derniers mois, le cadre réglementaire autour du bitcoin est devenu plus clair, notamment en étant officiellement catégorisé comme une marchandise par la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), ce qui a permis de rassurer les investisseurs institutionnels. Pour la SEC (Securities and Exchange Commission), bien que l'agence n'ait pas explicitement qualifié le bitcoin de “marchandise”, elle a réitéré que le BTC ne correspond pas à la définition d'un titre (security) et, par conséquent, n'est pas sous sa juridiction directe en tant que tel. Cela signifie que la SEC ne considère pas le bitcoin comme un actif financier émis par une entreprise ou un projet, contrairement à d’autres cryptomonnaies qui peuvent parfois être assimilées à des titres.
En revanche, la classification de l'ether (ETH) aux États-Unis est plus complexe et moins tranchée que celle du bitcoin. La SEC n'a pas établi de position définitive et universellement acceptée sur l'ether en tant que marchandise ou titre, mais son statut a évolué au fil des années. En 2018, l'ancien directeur de la division de la finance corporative de la SEC, William Hinman, a déclaré publiquement que l'ether, à ce stade de développement, n'était pas considéré comme un titre.
Mais sous la direction de Gary Gensler, actuel président de la SEC, des commentaires ont laissé entendre que certaines cryptomonnaies, y compris potentiellement l'ether, pourraient être considérées comme des titres, en raison des caractéristiques de leur gestion et de leur financement (notamment le passage à un mécanisme de staking, qui pourrait être interprété comme générant des attentes de profit).
Ces facteurs jouent donc en faveur du bitcoin qui gagne aussi du terrain en termes de poids dans l’écosystème crypto. Il pèse désormais plus de 60 % de la capitalisation totale du marché, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis début 2021.