* Il a manqué plus de 100 voix à Romano Prodi

* "La candidature Prodi n'existe plus", affirme Matteo Renzi

* Deux nouveaux tours de scrutin programmés samedi (Actualisé après quatrième tour de scrutin)

par Paolo Biondi et Giselda Vagnoni

ROME, 19 avril (Reuters) - L'ancien président du Conseil Romano Prodi, présenté par le centre-gauche au prix d'une rupture avec la droite berlusconienne, n'est pas parvenu vendredi à rassembler les grands électeurs pour décrocher la présidence italienne.

L'ancien président de la Commission européenne, membre du Parti démocrate (PD), n'a recueilli que 395 voix alors qu'il lui en fallait 504, à savoir la majorité simple du collège des 1.007 grands électeurs (les élus des deux chambres et 58 représentants des régions), pour être élu.

Stefano Rodota, présenté par le mouvement Cinq Etoiles (M5S) de Beppe Grillo, est arrivé second avec 213 voix. (voir )

Un cinquième et, au besoin, un sixième votes sont prévus ce samedi, qui se joueront également et comme tous les suivants à la majorité simple.

L'élection du successeur de Giorgio Napolitano à la tête de l'Etat est une étape clé pour débloquer la situation deux mois après les élections parlementaires des 24-25 février qui n'ont pas permis de dégager de majorité de gouvernement.

Le prochain président aura dans son jeu une carte que Napolitano, trop près de la fin de son mandat, ne pouvait plus abattre: la possibilité de dissoudre le parlement.

Le nouvel échec du vote, qui marque l'érosion du soutien des parlementaires de centre-gauche au candidat désigné par la direction du PD, renforce l'hypothèse d'élections anticipées dans les semaines à venir.

Il constitue de plus un revers supplémentaire pour son secrétaire Pier Luigi Bersani, qui a déjà essuyé jeudi l'humiliante défaite du candidat de compromis entre la gauche et la droite, le sénateur Franco Marini, lors des deux premiers tours de scrutin.

Quelque 200 manifestants anti-Prodi ont protesté devant le parlement et plusieurs parlementaires emmenés par Alessandra Mussolini, petite-fille du Duce, arboraient des tee-shirts sur lesquels on pouvait lire "Pas ça" ou encore "Le diable s'habille en Prodi".

EROSION DES SOUTIENS

Matteo Renzi, étoile montante du PD mais qui s'oppose à la stratégie de Bersani, a réagi en estimant que Romano Prodi n'avait désormais plus aucune chance d'accéder à la présidence italienne.

"La candidature Prodi n'existe plus", a-t-il déclaré à la presse. Battu par Bersani lors des primaires de la gauche en décembre dernier, le maire de Florence, de tendance sociale-démocrate, est aujourd'hui, et de loin, la personnalité la plus populaire au centre-gauche.

Des responsables de centre-gauche ont assuré de leur côté qu'ils continueraient à soutenir la candidature Prodi lors des votes prévus samedi.

L'impossibilité à atteindre la majorité simple pour Romano Prodi montre pourtant que cette candidature a échoué à resserrer les rangs du centre-gauche, très divisé sur le choix de Marini.

En se prononçant pour l'un des plus anciens adversaires politiques de Silvio Berlusconi, président du Peuple de la Liberté (PDL), Pier Luigi Bersani avait osé rompre le dialogue avec le centre-droit, y compris pour la formation d'un gouvernement.

"Aujourd'hui, ils ont choisi Prodi et nous considérons qu'il s'agit d'un acte de rupture", avait déclaré Fabrizio Cicchitto, chef du groupe PDL à la Chambre des députés. "Cela signifie que les conditions fondamentales n'existent pas pour parvenir à un accord de gouvernement." (Avec Silvia Ognibene à Florence; Bertrand Boucey, Jean-Stéphane Brosse et Hélène Duvigneau pour le service français)