Il a également appelé les parlementaires à éviter les coupes massives dans les dépenses publiques qui menacent de s'appliquer arbitrairement à partir de vendredi, soulignant que, conjuguées aux hausses de prélèvements obligatoires, elles pourraient ralentir la reprise de l'économie américaine.

Ben Bernanke a déclaré que les responsables de la Fed étaient conscients des risques potentiels liés à la politique de soutien de la Fed à l'économie, mais il a ajouté que ces risques ne semblaient pas importants pour l'instant et que la banque centrale disposait des outils nécessaires pour réduire ce soutien quand cela sera nécessaire.

"À ce stade, nous ne jugeons pas que les coûts potentiels de l'augmentation de la prise de risque sur certains marchés financiers dépassent les bénéfices générés par la promotion d'une reprise économique plus forte et de créations d'emploi plus rapides", a-t-il dit lors de son audition semestrielle par la Commission bancaire du Sénat.

La semaine dernière, la publication du compte-rendu de la dernière réunion de la Fed, en janvier, avait provoqué une baisse de Wall Street en suggérant que la banque centrale pourrait réduire plus tôt qu'attendu son soutien à l'économie.

Selon ces "minutes", plusieurs responsables de la banque centrale considèrent que les risques potentiels associés aux achats d'obligations peuvent justifier une réduction ou un arrêt de ceux-ci avant même que l'amélioration du marché du travail soit perceptible. Mais plusieurs autres estiment qu'un tel arrêt prématuré pourrait lui-même être risqué.

WALL STREET RASSURÉE

Les propos tenus mardi par Ben Bernanke tendent à le classer dans ce second camp: le président de la banque centrale a entre autres évoqué le redressement du marché immobilier et de celui de l'automobile en le liant en partie au soutien apporté par la Fed.

Il a également noté que l'inflation, l'un des risques les plus fréquemment cités par les critiques de la politique d'assouplissement quantitatif (QE), restait, à l'horizon de la prévision, attendue proche de 2%, soit l'objectif de la Fed.

La Réserve fédérale dépense actuellement 85 milliards de dollars par mois en achats d'obligations d'Etat et de prêts immobiliers titrisés afin d'assurer le maintien de taux d'intérêt à long terme bas et de soutenir l'activité économique.

Ces achats s'inscrivent dans le cadre de la troisième phase de la politique de QE engagée par la Fed depuis la crise financière de 2008, qui l'a conduite à tripler la taille de son bilan pour la porter à 3.000 milliards de dollars tout en maintenant des taux d'intérêt quasi-nuls.

Wall Street a légèrement accentué sa hausse après les propos de Ben Bernanke, l'indice Dow Jones gagnant brièvement plus de 0,9% avant de céder un peu de terrain. Parallèlement, les emprunts d'Etat américains s'orientaient à la baisse et le dollar s'appréciait face à l'euro et au yen.

"Ce que dit Bernanke, au final, montre que le programme de soutien ne sera pas réduit de sitôt", commente Peter Cardillo, chef économiste de marché chez Rockwell Global Capital.

Ben Bernanke a aussi profité de sa présence au Sénat pour adresser un avertissement au Congrès sur la menace que fait peser sur l'économie le "séquestre", les coupes automatiques dans les dépenses budgétaires qui risquent de s'appliquer à partir de vendredi.

"Le Congrès et l'administration devraient envisager de substituer aux réductions de dépenses importantes et concentrées prévues par le séquestre une politique de réduction du déficit fédéral plus graduelle à court terme mais plus importante à plus long terme", a-t-il dit.

Il a notamment souligné que la politique monétaire ne permettrait pas de compenser l'impact défavorable de ces coupes et que celles-ci intervenaient au mauvais moment.

Pedro Nicolaci da Costa et Alister Bull, Marc Angrand pour le service français, édité par Nicolas Delame

par Ana Nicolaci da Costa et Alister Bull