par Jeff Mason et Kevin Drawbaugh

Le président américain, soucieux de rassembler son propre camp politique, veut interdire aux banques, ou aux institutions financières contrôlant des banques, de posséder, d'investir ou de soutenir un fonds spéculatif ou un fonds de capital-investissement.

Barack Obama souhaite aussi que soit votée une limite à la taille des banques qui prendrait en compte, outre les sommes déposées en banque, déjà plafonnées, d'autres sources de financement comme la dette.

"Nous devons mettre en oeuvre des mesures de bon sens qui vont protéger les contribuables américains et l'économie américaine de crises futures", a déclaré le chef de la Maison blanche à la presse, entouré pour l'occasion de ses principaux conseillers économiques et de parlementaires de premier plan.

"Il ne faut plus autoriser les banques à trop s'éloigner de leur mission centrale qui est d'être au service de leur clients", a ajouté le président.

"Ces dernières années, de trop nombreuses institutions financières ont risqué l'argent du contribuable en gérant des fonds spéculatifs et des fonds de capital-investissement et en faisant des investissements plus risqués pour obtenir des bénéfices rapides", a-t-il critiqué.

FIN DU CONCEPT "TROP GROS POUR FAIRE FAILLITE"

Barack Obama souhaite également restreindre sévèrement la pratique des opérations pour compte propre, qui consistent pour les banques à jouer en Bourse leur propre argent. Ces opérations se sont révélées extrêmement lucratives pour les banques mais elles ont accru la volatilité sur les marchés.

La Maison blanche estime que cette pratique a contribué à mettre le système financier américain au bord du gouffre en 2008.

La décision de Barack Obama intervient après d'autres mesures destinées à encadrer les banques et deux jours après la cinglante défaite subie par les démocrates au profit des républicains dans la sénatoriale partielle de leur bastion du Massachusetts.

Les actions des principaux établissements du pays ont dégringolé après ces annonces. Dans l'après-midi, JPMorgan Chase abandonnait 5,8%, Citigroup 5,5% et Bank of America 5%. Goldman Sachs était en repli de 4,8%.

"Cela va avoir un effet énorme sur les grands noms du courtage comme Goldman Sachs ou JPMorgan. S'ils arrêtent les opérations pour compte propre, non seulement cela assèchera la liquidité du marché mais aussi toute la structure de Wall Street", estime Ralph Fogel, chez Fogel Neale Partners.

Avant cette annonce, Barack Obama a rencontré Paul Volcker, ex-président de la Réserve fédérale et responsable de l'équipe de ses conseillers économiques. Celui-ci est favorable à un encadrement des grands établissements financiers pour limiter leur capacité de nuisance.

S'exprimant après Barack Obama, Austan Goolsbee, un de ses conseillers économiques, a expliqué que les mesures annoncées visaient à mettre fin au concept qui voudrait que certains établissements soient "trop gros pour faire faillite" et montrer que quand de telles institutions "échouent, elles meurent."

Avec Caren Bohan et Ross Colvin, version française Gwénaelle Barzic et Danielle Rouquié