Jamie McGeever, chroniqueur des marchés financiers, vous présente les marchés asiatiques pour la journée à venir.

Le sentiment des marchés asiatiques jeudi sera à nouveau un mélange de prudence et de nervosité, avec des racines familières : un dollar surchargé et des rendements obligataires américains en hausse, un resserrement des conditions financières et une inquiétude croissante à propos de la Chine.

La chute brutale de Wall Street mercredi, à la suite d'une nouvelle série de données économiques américaines exceptionnelles, a montré que la hausse incessante des coûts d'emprunt pesait plus lourdement sur le moral des investisseurs que la vigueur surprenante de l'économie américaine. Cette situation devrait se répercuter sur l'ouverture des marchés en Asie, où le calendrier économique de jeudi est assez chargé : le commerce japonais et les commandes de machines, le chômage australien et hongkongais, ainsi qu'une décision sur les taux d'intérêt aux Philippines sont à l'ordre du jour.

Le dollar mérite d'être souligné. Il a de nouveau progressé mercredi et est désormais en hausse depuis 18 séances sur les 24 dernières. Il est en passe de réaliser sa cinquième hausse hebdomadaire consécutive, ce qui constituerait sa meilleure série depuis avril-mai de l'année dernière.

Cette semaine, la force du billet vert a poussé la roupie indienne vers un plus bas record, le yen japonais vers un plus bas de 2023 et dans un territoire où Tokyo est intervenu massivement l'année dernière, et le yuan chinois offshore à portée de vue du plus bas record d'octobre.

La double hausse du dollar et des rendements obligataires américains est un signal d'alarme classique pour les marchés émergents, et cette fois-ci n'est pas différente.

Les indices des conditions financières de Goldman Sachs montrent que les conditions financières de la Chine et de l'ensemble des marchés émergents se sont fortement resserrées ce mois-ci, de plus de 100 points de base, et qu'elles sont désormais les plus strictes de l'année.

La Banque populaire de Chine réagit : mardi, elle a abaissé ses taux à la surprise générale et, mercredi, elle a injecté dans le système bancaire, par le biais de prises en pension à sept jours, la plus grande quantité de liquidités à court terme depuis février.

Mais la pression exercée sur Pékin pour qu'il en fasse plus afin de soutenir l'économie chancelante est visible dans la chute du rendement à 10 ans à son plus bas niveau depuis mai 2020. Fait remarquable, le rendement chinois à 10 ans est désormais inférieur de 170 points de base au rendement du Trésor américain à 10 ans, soit l'écart le plus important depuis 2007.

Les prix du pétrole, qui ont atteint la semaine dernière leurs plus hauts niveaux de l'année, sont désormais en recul en raison des craintes liées à l'affaiblissement de la demande chinoise. Le Brent et le WTI sont en baisse de 4 à 5 % cette semaine, et sont tous deux en passe de mettre fin à une série de sept semaines de hausse.

C'est peut-être une bonne nouvelle si l'on veut maîtriser l'inflation mondiale, mais ce n'est pas une si bonne nouvelle si l'on considère que le moteur de la croissance mondiale est en train de s'essouffler.

Il n'est donc pas étonnant que les actions chinoises et régionales se ressentent. Les actions chinoises de premier ordre ont chuté mercredi pour la quatrième fois, et les indices MSCI World et MSCI Asia ex-Japan ont maintenant chuté 10 fois au cours des 12 dernières séances.

Voici les principaux développements qui pourraient orienter les marchés jeudi :

- Décision sur les taux d'intérêt aux Philippines

- Chômage en Australie (juillet)

- Commerce au Japon (juillet)