* Activité en apparence normale au sein des ambassades

* Pas de signe de tension en Corée du Sud

* Selon des analystes, le Nord veut se recentrer sur l'économie (Actualisé avec déclaration du ministère chinois des AE §§ 12-13)

par Jane Chung

SEOUL, 6 avril (Reuters) - Le personnel diplomatique en poste en Corée du Nord semblait toujours en place samedi malgré la recommandation donnée par Pyongyang d'envisager une évacuation avec la montée des tensions dans la péninsule coréenne.

Les autorités nord-coréennes ont indiqué aux missions diplomatiques présentes sur son sol qu'elles ne pourraient garantir leur sécurité à partir de mercredi après avoir déclaré qu'un conflit était inévitable en raison de man÷uvres militaires conjointes en cours entre les Etats-Unis et la Corée du Sud.

A Séoul, la capitale sud-coréenne, le calme régnait.

Un responsable gouvernemental a déclaré à l'agence de presse sud-coréenne Yonhap que les diplomates ne tenaient pas compte du conseil de départ donné par les Nord-Coréens.

"Nous ne pensons pas que des missions étrangères soient sur le point de quitter Pyongyang", a déclaré ce responsable. "La plupart des gouvernements étrangers voient le message nord-coréen comme une façon de faire monter la tension dans la péninsule coréenne."

La Corée du Nord n'a guère apprécié les nouvelles sanctions votées à son encontre par les Nations unies après son troisième essai nucléaire effectué en février. La colère des autorités de Pyongyang a été apparemment renforcées par les manoeuvres USA-Corée du Sud qui ont commencé le 1er mars.

Vendredi, l'agence de presse officielle Chine Nouvelle a indiqué qu'il ne s'agissait plus de savoir si la guerre allait éclater mais quand.

Les pays considèrent en général le conseil d'évacuation donné aux mission diplomatiques comme un effet de manches après les menaces réitérées ces dernières semaines par la Corée du Nord de procéder à une frappe nucléaire contre les Etats-Unis et les déclarations de guerre contre la Corée du Sud.

La Russie toutefois a dit étudier "sérieusement" la suggestion nord-coréenne.

"Il est difficile de dire quelles sont les véritables intentions", a déclaré un responsable du gouvernement sud-coréen sous le sceau de l'anonymat. "Il se pourrait que les menaces aient été intensifiées pour renforcer le régime en interne ou pour répondre à la communauté internationale."

"MANOEUVRES INSENSÉES"

Les Nations unies soulignent que le personnel humanitaire reste actif en Corée du Nord. Le secrétaire général du Conseil de sécurité, Ban Ki-moon, reste toutefois "très préoccupé".

A Pékin, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a réitéré l'appel de Pékin au dialogue pour aplanir les tensions dans un entretien téléphonique avec Ban Ki-moon.

"Nous sommes hostiles aux actions et déclarations provocatrices venant de toutes les parties dans la région et nous ne permettrons aucun trouble aux portes de la Chine", a déclaré Wang Yi dans un communiqué publié sur le site internet du ministère.

La tension est d'autant plus grande que la Corée du Nord du jeune Kim Jong-un a déplacé deux missiles de moyenne portée sur sa côte Est, ce qui fait dire à la Maison blanche qu'elle ne serait "pas surprise" si le Nord procédait à un nouveau tir de missile.

Kim Jong-un est le troisième de sa dynastie à la tête du régime communiste. Il est arrivé au pouvoir en décembre 2011 à la mort de son père Kim Jong-il, qui n'a cessé de s'opposer à la Corée du Sud et aux Etats-Unis pendant ses 17 ans de règne.

La Corée du Nord a toujours condamné les manoeuvres militaires conjointes des Etats-Unis et de leur allié sud-coréen. Mais les commentaires sont particulièrement acerbes cette année où Washington a envoyé des bombardiers B-2 pour effectuer des simulations.

Les Etats-Unis "entreprennent des manoeuvres militaires nucléaires insensées", écrit le quotidien nord-coréen Minju Joson. "La situation qui prévaut est qu'une nouvelle guerre, une guerre nucléaire, est imminente dans la péninsule."

Dans un documentaire diffusé vendredi à la télévision, Kim Jong-un déclare, lors d'une tournée en province le mois dernier, que le pays a besoin de "garantir absolument la qualité de notre artillerie pour assurer une attaque préventive rapide sur nos ennemis"

Mais certains commentateurs, au vu des réunions du Parti des travailleurs au pouvoir et du Parlement qui ont eu lieu à Pyongyang la semaine dernière, en ont conclu que Kim Jong-un et sa direction étaient plus préoccupés par les questions économiques que par la stratégie militaire.

Le site internet spécialisé 38 North cite la reconduction du réformateur Pak Pong Ju au poste de Premier ministre et le peu de titres accordés à la haute hiérarchie militaire et aux responsables de la sécurité, ainsi que la nomination d'une femme à un poste de responsabilité au sein du parti.

"Cela semble des mesures importantes pour faire passer la production économique du contrôle de l'armée vers le parti et le gouvernement", écrit le commentateur de 38 North, Michael Madden. (Danielle Rouquié pour le service français, édité par Jean-Loup Fievet)