BERLIN, 31 janvier (Reuters) - La dirigeante du parti anti-immigration AfD, Frauke Petry, a préconisé que les garde-frontières soient autorisés à ouvrir le feu sur des migrants tentant de s'introduire clandestinement en Allemagne.

L'Allemagne, a-t-elle dit au journal Mannheimer Morgen, doit réduire l'afflux de migrants au moyen d'accords avec l'Autriche voisine et par un renforcement des frontières extérieures de l'Union européenne.

Elle a ajouté qu'il ne fallait pas non plus hésiter à refouler des personnes et à créer des "installations de protection des frontirèes", ajoutant que les garde-frontières devraient être autorisés, si nécessaire, à tirer sur des migrants tentant d'entrer illégalement.

Aucun agent de police ne souhaite tirer sur un migrant, a-t-elle déclaré, ajoutant : "Je ne le veux pas non plus, mais, au bout du compte, la dissuasion inclut le recours à la force armée".

"Le dernier homme politique allemand qui autorisait à tirer sur des réfugiés était Erich Honecker", a réagi un responsable du SPD (sociaux-démocrates), Thomas Oppermann, en faisant allusion là à l'ancien numéro un communiste de RDA.

AfD, parti eurosceptique et xénophobe, a été créé en 2013 et a le vent en poupe particulièrement depuis l'an dernier, canalisant là l'hostilité d'une partie de la population à la politique d'accueil des migrants défendue par Angela Merkel.

POLITIQUE DU RETOUR

Samedi, la chancelière fédérale a estimé que les réfugiés syriens et irakiens devraient rentrer dans leurs pays une fois que les conflits qui les déchirent seront terminés.

La chancelière allemande a jusqu'à présent résisté aux pressions venant de son propre camp pour fixer un plafond au nombre de réfugiés que l'Allemagne, qui en a reçu 1,1 million en 2015, peut accueillir chaque année.

Les incidents de la nuit du Nouvel an à Cologne ont accru les tensions au sein de la coalition gouvernementale, la CSU (Union chrétienne-sociale en Bavière), alliée de la CDU d'Angela Merkel, ayant notamment menacé de saisir la justice.

Le gouvernement a réagi jeudi en annonçant un durcissement des conditions d'octroi du droit d'asile en Allemagne et une accélération des procédures d'expulsion.

Pendant une réunion avec des membres de son parti en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, Angela Merkel a en outre souligné samedi que les réfugiés syriens et irakiens avaient vocation à rentrer chez eux une fois les guerres dans leurs pays terminées.

"Nous devons dire à ces gens que leur statut de résidence est temporaire et que nous attendons d'eux qu'une fois qu'il y aura la paix en Syrie et que l'EI (Etat islamique) aura été défait en Irak, ils rentrent dans leur pays avec les compétences qu'ils auront apprises", a-t-elle déclaré.

Selon la chancelière, 70% des personnes qui avaient trouvé refuge en Allemagne pendant la guerre en ex-Yougoslavie dans les années 1990 sont depuis rentrées chez elles. (Andreas Rinke; Tangi Salaün et Eric Faye pour le service français)