"Compte tenu du manque de visibilité économique, il est prématuré de fournir des perspectives actualisées pour l'ensemble de l'année." Ces mots sont ceux du directeur général de Delta Airlines, Ed Bastian, cité dans un communiqué publié par la compagnie aérienne. C’est le type de formule auquel il faut s’attendre dans les prochaines semaines, à l’occasion de la saison de publication des résultats du premier trimestre.
Une saison qui commence "officiellement" ce vendredi avec les résultats de plusieurs grandes banques américaines (JPMorgan, Wells Fargo et Morgan Stanley). Alors que l’environnement macroéconomique semble se dégrader, les investisseurs suivront avec attention les messages délivrées par les entreprises. Durant les cinq dernières années, l’économie mondiale a subi plusieurs chocs – pandémie de Covid, guerre en Ukraine, inflation - mais les investisseurs ont toujours pu se raccrocher à la "micro". Ainsi, les résultats d’entreprises ont souvent contribué à rassurer les marchés.
Mais comme l’a fait Delta Airlines mercredi, nombre d’entreprises pourraient retirer leurs prévisions pour l’année en cours, compte tenu du degré élevé d’incertitudes. En effet, la guerre commerciale lancée par Donald Trump a conduit les économistes à réviser à la baisse leurs estimations de croissance. Et même si le président américain a décidé d’une pause de 90 jours, il reste toujours 10% de droits de douane universels - la "baseline" - et 145% de droits de douane sur la Chine. Sans compter les conséquences de l’incertitude créée, qui d’ores et déjà a entamé la confiance des consommateurs et des chefs d’entreprise. Et cela se traduit par une pause dans les dépenses d’investissement, les activités de M&A et les IPO.
Donc même si une majorité des droits de douane réciproques sont suspendus ou retirés, les résultats des entreprises risquent d’être affectés. Pour l’heure, les analystes ont commencé à réviser à la baisse les prévisions de résultats, mais dans une ampleur comparable à celle observée historiquement. C’est ce que montrent les données compilées par Factset. Sur les 20 dernières années, les analystes revoient à la baisse leurs attentes de 4.2% en moyenne au cours d’un trimestre.
Source : Factset
Pour le 1er trimestre 2025, les attentes ont aussi diminué de 4.2% (+7% à date contre +11,7% au début du trimestre). Mais pour l’ensemble de l’année, les analystes anticipent toujours 11% de progression des BPA, ce qui correspond à peu près à ce que l’on attend pour une année "normale".
Zonebourse, de son coté, s’attend plutôt à l’inverse. Le premier trimestre devrait encore être solide. Les banques devraient en partie compenser la baisse des revenus sur les activités de banque d’investissement par les activités de trading, qui bénéficient de la volatilité des marchés. D’autres secteurs, notamment dans la consommation, devraient bénéficier d’une anticipation de certains achats par les ménages, par crainte des droits de douane. Nous nous attendons donc à des résultats qui, dans l’ensemble, répondent aux attentes. En revanche, nous pensons que nombre d’entreprises retireront leurs prévisions pour le reste de l’année.