Ses actifs sous gestion atteignent 2 317 milliards d'euros au terme du douzième trimestre consécutif de croissance. C'est six fois moins que BlackRock, mais cependant remarquable à l'échelle du Vieux Continent. Les quatre cinquièmes de ces actifs sont directement administrés par Amundi, tandis que le cinquième restant réside dans les joint ventures et le partenariat avec Victory aux États-Unis.

Le gros de la collecte demeure assuré par la gestion passive, où les frais et commissions sont moins élevés. Amundi continue cependant de faire bonne figure dans la gestion active, qui représente pas loin de la moitié du total des actifs administrés. Le segment de la gestion alternative et des actifs réels - le plus lucratif - peine à trouver son essor, alors qu'il pourrait représenter un axe majeur de diversification, comme chez BlackRock.

La collecte nette a augmenté de 67 milliards d'euros par rapport à la même période l'an dernier. La dynamique en retail reste identique par rapport à l'an passé, tandis que celle au niveau des investisseurs institutionnels est en progression ; cette dernière reçoit d’ailleurs un notable coup de pouce des assureurs liés au Crédit Agricole et à la Société Générale.

Toujours au menu de l'actualité, satisfaction au niveau des différentes géographies du groupe, puisque la performance est satisfaisante partout sauf en Italie. En revanche, la très bonne performance des marchés cette année est largement annulée par un effet de change défavorable, notamment la baisse du dollar.

Dans un secteur défini par une course structurelle à la taille, Amundi n'a pas pour habitude de faire mystère de ses ambitions. Hélas, celles-ci ont été à deux reprises contrariées ces derniers mois, une première fois lorsque l'activité gestion d'actifs d'AXA lui a échappé au profit de BNP ; ensuite lorsque le rapprochement avec Allianz a été abandonné.

En toile de fond, la consolidation se poursuit sur le Vieux Continent, avec en début d'année l'annonce d'une alliance entre Natixis et Generali. Amundi aurait un rôle naturel à jouer dans ce paysage, mais les égoïsmes nationaux restent forts et possiblement indépassables ; il faudra donc peut-être aller voir au-delà des frontières européennes, avec toutes les complexités que cela implique.

En bourse, le cours du titre Amundi est au même niveau qu'il y a huit ans. Ses actifs sous gestion ont pourtant cru de 64 % entre temps, de 1 400 à 2 300 milliards d'euros, tandis que le profit par action et le dividende ont doublé. Depuis la fin de la pandémie, sa valorisation boursière plafonne sous le seuil de dix fois les profits et aux alentours d’un rendement sur dividende qui flirte avec 7 %.

La décote sur les comparables américains est donc considérable. Elle est aussi persistante par rapport à l'allemand DWS, qui lui aussi a cru à rythme satisfaisant, mais n'en conserve pas moins des actifs sous gestion moitié moindres que ceux d'Amundi. Ceci s'explique sans doute en grande partie par le capital verrouillé de trop près, puisque le Crédit Agricole en contrôle les deux tiers.

Une méga-fusion qui propulserait Amundi à l'échelon supérieur impliquerait très vraisemblablement une évolution de cette situation. Reste à trouver le bon partenaire, ce qui semble bien plus vite dit que fait.