* Sarkozy assure qu'il ne se "dérobera pas" le moment venu

* Il annonce une dernières salves de mesures sociales et fiscales

PARIS, 29 janvier (Reuters) - Nicolas Sarkozy a lancé dimanche soir la dernière salve de réformes de son quinquennat, dont une hausse de TVA pour financer la protection sociale, à moins de trois mois d'une élection présidentielle à laquelle il entend participer.

Lors d'une émission à l'allure de quitte ou double retransmise par huit chaînes de télévision, le chef de l'Etat, à la traîne dans les sondages, visage grave, a débord éludé les questions sur sa probable candidature.

Mais à la fin de son intervention, essentiellement consacrée à un train de réformes censées enrayer le chômage et de relancer l'économie française, il n'a laissé aucun doute sur ce qui n'est plus depuis longtemps qu'un faux suspense.

"Si un jour je dois rentrer en campagne, à ce moment-là, je serai le candidat et parfois je peux en avoir l'impatience, tant je constate d'arrogance déplacée", a-t-il déclaré en attaquant implicitement le candidat socialiste François Hollande.

"J'ai un rendez-vous avec les Français, je ne me déroberai pas et franchement ça approche", a ajouté Nicolas Sarkozy, qui s'est efforcé de dissiper les rumeurs sur ses états d'âmes en se disant "très déterminé".

Une détermination qu'il s'est attaché à illustrer en annonçant une mesure potentiellement impopulaire, y compris dans son propre camp : le passage de la TVA de 19,6% à 21,2%.

Cette mesure, complétée par une hausse de deux points de la Contribution sociale généralisée (CSG) sur les produits financiers, permettra d'abaisser les cotisations sociales patronales pour améliorer la compétivité des entreprises françaises, a-t-il expliqué.

L'exonération de cotisations familiales des entreprises sera totale pour les salariés payés entre 1,6 à 2,1 smic, puis dégressive jusqu'à 2,4 smic.

LE MODÈLE SCHRÖDER

Cette mesure concernera 97% des effectifs de l'agriculture, 82% des effectifs de l'automobile et les deux tiers des effectifs de l'industrie, a assuré Nicolas Sarkozy, qui a chiffré son coût à 13 milliards d'euros.

Nicolas Sarkozy s'est efforcé de répondre aux objections soulevées jusque dans la majorité contre la hausse de TVA en assurant que celle-ci n'aurait pas d'incidence sur les prix et que le niveau en France de cet impôt indirect serait ainsi dans la moyenne européenne.

Autre décision par avance contestée, notamment par les syndicats : le chef de l'Etat a annoncé que les entreprises pourraient conclure des accords sur des baisses de salaire ou le temps de travail avec leurs salariés si une majorité de ceux-ci l'acceptent, avec pour conséquence la fin des 35 heures, si cela permet de sauver des emplois.

Il a également annoncé que les possibilités de construction seraient augmentées de 30% sur tous les terrains constructibles afin de remédier à la pénurie de logements qui fait flamber les prix de l'immobilier. Les entreprises françaises de plus de 250 salariés auront par ailleurs l'obligation d'avoir au moins 5% de jeunes en apprentissage dans leur effectif d'ici à 2015.

Nicolas Sarkozy a enfin confirmé que la France mettrait en place une taxe sur les transactions financières de 0,1%.

Mais il s'est également voulu rassurant en affirmant que l'Europe n'était plus "au bord du gouffre" financier et en annonçant un déficit public français plus faible que prévu en 2011, à 5,4%, voire 5,3% du PIB.

Tout au long de son intervention, le chef de l'Etat a multiplié les piques contre François Hollande, qui a conforté son statut de favori lors de son premier grand discours de campagne, le 22 janvier au Bourget, puis lors de la présentation de son programme.

Nicolas Sarkozy a au contraire loué à plusieurs reprises l'ancien chancelier socialiste allemand Gerhard Schröder, "un homme d'une grande qualité", dont il a pris les réformes pour modèle. (Emmanuel Jarry, avec Yann Le Guernigou, Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)